Plan de gestion de la cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii) au Canada [proposition] - 2011

Loi sur les espèces en péril
Série de Plans de gestion

Table des matières

Table des matières


Cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii)

Photo : Cicutaire de Victorin

Référence recommandée :

Environnement Canada. 2011. Plan de gestion de la cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii) au Canada [Proposition], Série de Plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa, iii + 22p.

Pour télécharger le présent plan de gestion ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du COSEPAC, les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Isabelle Parent, Canards Illimités Canada

Also available in English under the title
“Management Plan for Victorin’s Water-hemlock (Cicuta maculata var. victorinii) in Canada [Proposed]”

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2011. Tous droits réservés.
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Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.


En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministères fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des plans de gestion pour les espèces inscrites comme étant préoccupantes et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés d’ici cinq ans.

Le ministre de l’Environnement et le ministre responsable de l’Agence Parcs Canada sont les ministres compétents pour la conservation de la cicutaire de Victorin, une espèce désignée préoccupante à l’Annexe 1 de la LEP. Le présent plan de gestion a été élaboré conformément à l’article 65 de la LEP en collaboration avec le Gouvernement du Québec (Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs) en vertu du paragraphe 66 (1) de la LEP.

La réussite de la conservation de la cicutaire de Victorin dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des recommandations formulées dans le présent plan de gestion. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada, l’Agence Parcs Canada ou sur toute autre compétence. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont invités à appuyer le plan de gestion et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de la cicutaire de Victorin et de l’ensemble de la société canadienne. La mise en œuvre du présent plan est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

La première version du présent document a été produite par Frédéric Coursol (botaniste). Benoît Jobin et Vincent Carignan (Environnement Canada, Service canadien de la faune - Région du Québec) ont ensuite effectué la révision du contenu. Le document a également bénéficié des commentaires des membres de l’Équipe de rétablissement de la flore menacée de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent [Pierre Morisset, président (expert-conseil), Frédéric Coursol, Patricia Désilets (Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs), Hélène Gilbert (Bureau d’écologie appliquée), Benoît Jobin, Nicole Lavoie (Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel), Isabelle Parent (Canards Illimités Canada), Hubert Pelletier (Conservation de la Nature Canada – Région du Québec) et Benoît Roberge (Agence Parcs Canada)]. Des remerciements sont adressés à Alain Branchaud, Karine Picard et Matthew Wild (Environnement Canada, Service canadien de la faune - Région du Québec), Vanessa Dufresne (Association des amis du cap Tourmente), Michèle Dupont-Hébert (Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel), Guy Jolicoeur (Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs), Martine Lapointe (Université Laval / FloraQuebeca) et Sylvain Paradis (Agence Parcs Canada). Jacques Labrecque (Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs) a transmis les données récentes sur la cicutaire de Victorin.

La cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii) est une plante herbacée vivace de 0,5 à 2 m de hauteur. Il s’agit d’une espèce endémique de l'estuaire supérieur d’eau douce du fleuve Saint-Laurent où elle ne croît que dans les zones intertidales d'eau douce ou légèrement saumâtre. L’espèce a été évaluée comme étant préoccupante au Canada en mai 2004 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) et a été ajoutée à l’Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril suivant le même statut en juillet 2005.

À ce jour, la cicutaire de Victorin a été répertoriée dans 45 occurrences[1] le long du Saint-Laurent entre les municipalités de Batiscan au sud-ouest de son aire de répartition et Saint-Jean-Port-Joli (rive sud) et Saint-Joachim (rive nord) au nord-est. Parmi ces occurrences, trois n’ont pas été revues depuis plus de 25 ans, deux ont été éradiquées et une est de validité douteuse. La perte d’habitat par le remblayage des rives et la mise en place d’infrastructures est la plus grande menace à laquelle doit faire face la cicutaire de Victorin. Le piétinement, les plantes envahissantes et le fauchage (tonte) du littoral menacent aussi les occurrences de l’espèce.

L’objectif de gestion se décline en deux temps. À long terme, il s’agit de maintenir et, si possible, d’augmenter la taille de la population et la zone d’occupation de la cicutaire de Victorin dans l’ensemble de son aire de répartition au Québec. À court terme, il s’agit de maintenir et, si possible, d’augmenter la taille de la population et la zone d’occupation de la cicutaire de Victorin pour chacune des 18 occurrences identifiées comme cibles prioritaires.

Les stratégies générales de gestion privilégiées pour la cicutaire de Victorin sont d’assurer la conservation et la gestion des occurrences, de réduire les principales menaces à l’espèce et à son habitat et d’accroître les connaissances de nature démographiques, biologiques et taxinomiques. Des activités de mise en œuvre et un calendrier de réalisation reliés à ces stratégies sont présentés dans le présent plan de gestion.

Date de l’évaluation : Mai 2004

Nom commun : Cicutaire de Victorin

Nom scientifique : Cicuta maculata var. victorinii

Statut selon le COSEPAC : Préoccupante

Justification de la désignation : Plante vivace géographiquement très limitée et endémique aux zones littorales d'eau douce ou légèrement saumâtre de l'estuaire du Saint-Laurent au Québec. Elle est présente à 33 emplacements environ, mais dans des petits habitats localisés où elle fait face à de nombreuses menaces. Ces menaces comprennent la destruction des plantes par la circulation des VTT et le piétinement par les humains; le fauchage de la végétation des rives; l'aménagement et le remblayage font également disparaître des habitats favorables à l'espèce. De plus, des plantes pourraient être éliminées par suite de la confusion entre elles et la variante commune de l'espèce, considérée comme une mauvaise herbe nuisible. Les déversements d'hydrocarbures représentent aussi une menace éventuelle.

Présence au Canada : Québec

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1987. Réexamen et confirmation du statut en mai 2004.

La cicutaire de Victorin est endémique au Québec, la totalité de la population se retrouve donc au Canada. Elle a été inscrite comme espèce préoccupante l’Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du Canada (L.C. 2002, ch. 29) (LEP) en juillet 2005. Elle possède un statut d’espèce menacée au Québec en vertu de la Loi sur les espèces menacées et vulnérables (L.R.Q., ch. E-12.01) (LEMV) depuis 2001. NatureServe (2009) attribue à la cicutaire de Victorin la cote globale de G5T2 (espèce répandue et stable à l’échelle mondiale avec les sous-espèces à risque), la cote canadienne de N2 (à risque) et la cote québécoise de S2 (à risque).

La cicutaire de Victorin est l’une des trois variétés (var. victorinii, var. maculata et var. angustifolia) de la cicutaire maculée (Cicuta maculata) connues au Canada (COSEPAC, 2004). Cette herbacée vivace de la famille des ombellifères a une hauteur de 0,5 à 2 m. Sa tige dressée, souvent rayée de pourpre, est creuse sauf aux nœuds qui sont entourés par le pétiole des feuilles. Les feuilles alternes sont lancéolées[2] à ovées-lancéolées et mesurent de 10 à 80 cm de longueur et de 4 à 8 cm de largeur. Elles sont divisées en trois segments composés de folioles linéaires-lancéolées, finement dentées. L’inflorescence est formée d’ombellules1 à pédicelles1 inégaux qui portent de petites fleurs blanches. Le fruit, produit d’août à octobre, est un achaine double, brun pâle à brun foncé, de 3,5 à 4 mm de longueur, qui se sépare en deux moitiés à maturité, chacune ornée de côtes liégeuses plus proéminentes sur les côtés que sur le dos où elles sont parfois absentes. Toutes les parties de cette plante sont toxiques (COSEPAC, 2004).

Au Québec, on retrouve les variétés victorinii et maculata de la cicutaire maculée. La cicutaire de Victorin (var. victorinii) est endémique à l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent. La limite sud-ouest de son aire de répartition se situe à Batiscan sur la rive nord du fleuve et sa limite nord-est se situe à Saint-Jean-Port-Joli sur la rive sud du fleuve et à Saint-Joachim sur la rive nord (Figure 1). Une occurrence disjointe a été relevée à Chandler à l’occasion de la révision des spécimens de cicutaire maculée à l’herbier Marie-Victorin (COSEPAC, 2004). Cette observation historique repose sur un spécimen récolté en 1931 et doit être validée.

La cicutaire de Victorin a été répertoriée dans 45 occurrences, toutes situées en aval de Batiscan le long du fleuve Saint-Laurent (Annexe A). Ce nombre représente une augmentation par rapport aux 39 occurrences mentionnées dans le rapport de situation COSEPAC (2004) en raison de la découverte de six nouvelles occurrences depuis l’évaluation de l’espèce.

Le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ, 2009) possède des données démographiques pour 34 des 45 occurrences[3] et les classe de la façon suivante (voir l’Annexe B pour la définition des cotes de qualité) :

Toutes les occurrences situées dans la portion ouest de l’aire de répartition de l’espèce sont de faible qualité sans raison apparente malgré le fait qu’on y trouve de l’habitat d’excellente qualité. La taille de la population est estimée à un nombre variant entre 1700 et 6500 individus fructifères (Jolicoeur et Couillard, 2007). Des recensements plus récents laissent cependant croire que la population totale serait beaucoup plus élevée. En effet, les résultats de Gilbert (2009, 2010)] indiquent que la taille de la population de l’espèce (individus fructifères et individus végétatifs – jeunes individus n’ayant pas encore développé de fleurs) dans cinq de ces occurrences dépasse les 10 000 individus et que les individus fructifères représentent environ 5% des individus totaux de l’espèce.

Le rapport du COSEPAC (2004) mentionne que la tendance de la population serait stable et les inventaires réalisés depuis la publication de ce rapport laissent croire que ce serait toujours le cas. En effet, l’augmentation du nombre d’occurrences depuis l’évaluation de l’espèce n’indique pas nécessairement une augmentation de la taille de la population ou de son aire de répartition mais reflète plutôt un effort d’inventaire plus important.

Figure 1. Répartition des occurrences de la cicutaire de Victorin au Québec (CDPNQ, 2009). La zone pointillée dans l’encart supérieur est détaillée dans l’encart inférieur.

La figure 1 est une carte de la répartition des occurrences de la cicutaire de Victorin au Québec. Les données pour dessiner cette carte ont été fournies par le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec, et datent de 2009. La qualité des 45 occurrences (excellente, bonne, passable, faible, récente, non retracée, historique et éradiquée) est indiquée sur la carte par un symbole. L’espèce est endémique à l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent. La limite sud-ouest de son aire de répartition se situe à Batiscan sur la rive nord du fleuve et sa limite nord-est se situe à Saint-Jean-Port-Joli sur la rive sud du fleuve et à Saint-Joachim sur la rive nord.

L’habitat de la cicutaire de Victorin se définit comme étant la zone intertidale estuarienne d'eau douce et saumâtre. La cicutaire de Victorin croît généralement dans une herbaçaie à spartine pectinée (Spartina pectinata) dense et haute du littoral supérieur (portion du littoral qui s’assèche complètement à marée basse) (Robert, 1993; Brouillet et al., 2004). Le littoral supérieur est recouvert d'eau deux à trois heures par jour lors des marées hautes d’équinoxe, les basses marées hautes ne l'atteignant que rarement. Cette plante peut se retrouver également dans une herbaçaie ouverte et basse lorsqu’elle se situe dans le littoral moyen ou sur un substrat mince. Dans cette dernière zone, la taille des individus est toutefois plus petite que dans le littoral supérieur (Robert, 1993). Dans l’étude de Brouillet et al. (2004), les trois quarts des observations de la cicutaire de Victorin étaient situés dans le littoral supérieur; l’autre quart était dans la partie supérieure du littoral moyen. La cicutaire de Victorin occupe les dépôts de surface épais (plus de 15 cm) et de texture fine ou mixte (jamais grossière) dont la pierrosité est nulle ou faible (rarement très pierreux). Dans les secteurs couverts de graviers et de cailloux, la densité des individus est nettement plus faible (Robert, 1993). Le pH de l’eau mesuré à quelques occurrences varie de 8,0 (anse de Berthier et L’Islet) à 8,5 (anse Saint-Vallier) (Rousseau, 1930, 1932). Le dépôt de surface se compose de schiste émietté et de limon en suspension (Legault, 1986) et a un pH de 7,5 (Rousseau, 1930).

Les exigences écologiques très particulières de la cicutaire de Victorin limitent sa croissance à la zone intertidale d’eau douce ou légèrement saumâtre. La faible amplitude des marées en amont de Batiscan et l’accroissement de la salinité de l’eau dans la région de Saint-Jean-Port-Joli, de l’archipel de l'Isle-aux-Grues et de Beaupré délimitent sa répartition au Québec. L’occurrence de Chandler doit être confirmée et l’habitat de la cicutaire de Victorin n’est pas connu à cet endroit. Il est fort probable qu’il ressemble à celui que l’on retrouve dans la zone intertidale d’eau douce ou légèrement saumâtre du fleuve Saint-Laurent.

Malgré sa toxicité pour les mammifères au même titre que la variété maculata, des signes de broutage par le rat musqué (Ondatra zibethicus) et le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) ont été observés en 2009 à quelques endroits mais ce broutage ne serait que fortuit et ne viserait pas spécifiquement cette espèce (Gilbert, 2010). On a déjà observé des ombelles et des fruits couverts de pucerons (COSEPAC, 2004) alors que les fleurs et les graines peuvent être consommées par les larves du papillon du céleri (Morisset, 2008; P. Désilets, obs. pers.).

Tableau 1. Tableau d’évaluation des menaces.
Menace Niveau de préoccupation1 Étendue Occurrence Fréquence Gravité2 Certitude causale3
Perte et dégradation de l’habitat
Remblayage et mise en place d’infrastructures Élevé Généralisée Historique / Anticipée4 Unique / Inconnue Élevée Élevée
Piétinement anthropique Élevé Localisée Courante / Anticipée Continue / Récurrente Élevée Élevée
Érosion Faible Généralisée Courante Récurrente Modérée Élevée
Affouillement glaciel Faible Généralisée Courante / Imminente Saisonnière Faible / Inconnue Faible
Rejet de débris sur le littoral Faible Localisée Courante Saisonnière Faible Faible
Espèce ou génome exotique, envahissant ou introduit
Plantes envahissantes Élevé / Moyen Localisée Courante Continue Élevée / Faible Faible
Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels
Fauchage Moyen Localisée Courante Continue / Récurrente Élevée / Faible Élevée
Populations animales surabondantes Moyen / Faible Localisée Courante Saisonnière Modérée / Faible Moyenne / Faible
Climat et catastrophes naturelles
Modification de la salinité de l’eau due aux changements climatiques Faible Localisée Anticipée Continue Élevée / Inconnue Moyenne / Faible
Pollution
Rejet de matière fertilisante Faible Généralisée Courante Inconnue Faible / Inconnue Faible
Déversements d’hydrocarbures Faible Localisée Anticipée Unique Inconnue Faible

1 Niveau de préoccupation : signifie que la gestion de la menace représente une préoccupation (élevée, moyenne ou faible) pour la gestion de l’espèce, conformément aux objectifs en matière de population et de répartition. Ce critère tient compte de l’évaluation de toute l’information figurant dans le tableau.

2 Gravité : indique l’effet à l’échelle de la population (Élevée : très grand effet, modérée, faible, inconnue).

3 Certitude causale : indique le degré de preuve connu de la menace (Élevée : la preuve disponible établit un lien fort entre la menace et les pressions sur la viabilité de la population; Moyenne : il existe une corrélation entre la menace et la viabilité de la population, p. ex., une opinion d’expert; Faible : la menace est présumée ou plausible).

4 Chaque critère d’évaluation des menaces est évalué au niveau de chaque occurrence et pour l’ensemble de l’aire de répartition. Lorsque deux qualificatifs sont présents dans une case, cela indique que la menace identifiée n’a pas le même impact à ces deux échelles (Échelle de l’occurrence / Ensemble de l’aire de répartition).

Les menaces sont présentées en ordre décroissant de niveau de préoccupation.

Remblayage et mise en place d’infrastructures

Le remblayage des rives pour la construction d’infrastructures comme des résidences, des routes, des jetées, des voies ferrées ou des marinas est responsable d'une perte d'habitat importante de la cicutaire de Victorin dans la région de Québec et a entraîné des extinctions locales (COSEPAC, 2004). Par exemple, la construction de la voie ferrée à Cap-Rouge a détruit la quasi-totalité des rives naturelles situées entre Saint-Augustin-de-Desmaures et Cap-Rouge, empêchant une recolonisation par la cicutaire de Victorin. Le remblayage des rives est maintenant interdit depuis 1987 en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement du Québec (L.R.Q., c. Q-2, a. 2.1). Toutefois, le nombre de projets demandant des accès à la rive continue de se multiplier. Les projets d’agrandissement des équipements portuaires et l’implantation de marinas comme à Saint-Jean-Port-Joli détruisent le littoral supérieur où se retrouve la cicutaire de Victorin. La restauration des murs de soutien qui se dégradent et le déblai du littoral causent également la perte et la dégradation de l’habitat. Ces problèmes semblent généralisés à l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce, à l’exception des occurrences qui se trouvent dans l’archipel de l’Isle-aux-Grues.

Piétinement anthropique

Le piétinement humain (randonneurs, amateurs de sports nautiques, kateboard, etc.) et la circulation des véhicules tout-terrain (VTT) sont des menaces importantes pour la cicutaire de Victorin dans la zone intertidale (COSEPAC, 2004). Ces activités ne se limitent pas à provoquer la mortalité des individus, elles modifient également profondément l’habitat de l’espèce en compactant le sol et en créant des ouvertures qui augmentent l’érosion du substrat par les vagues.

Plantes envahissantes

Les plantes envahissantes telles que le roseau commun (Phragmites australis) sont des menaces réelles non négligeables (Désilets et al., 2009) car elles peuvent remplacer toute autre espèce du littoral supérieur lorsqu’elles s’implantent. De plus, il existe peu d’interventions efficaces connues permettant de contrer ces espèces ou limiter leur expansion (Gilbert 2009, 2010). Le roseau commun croît maintenant en forte densité dans le littoral supérieur de l’occurrence de Cap-St-Ignace et couvre également une partie de l’occurrence de Saint-Jean-Port-Joli. Il risque de s’implanter et de se répandre très rapidement; des foyers de dispersion existent d’ailleurs tant en aval qu’en amont de plusieurs occurrences visitées récemment (Gilbert 2009, 2010). Enfin, les perturbations causées à l’habitat par diverses activités anthropiques (chasse, circulation des VTT, kayak, etc.) favorisent l’implantation des espèces envahissantes. Cette menace n’est pas identifiée dans COSEPAC (2004).

Fauchage

Le fauchage (ou la tonte) du littoral par les propriétaires riverains de l’estuaire du fleuve Saint-Laurent a été observé à quelques endroits (COSEPAC, 2004). Le fauchage prive la cicutaire de Victorin de son seul moyen de reproduction en empêchant la formation des hampes florales et pourrait entraîner sa disparition de certaines occurrences. Une telle activité est fréquente aux endroits où des résidences et des chalets bordent la rive et est également courante dans les régions fréquentées par les chasseurs et par les résidents, comme à Saint-Augustin-de-Desmaures et dans le secteur de la Côte-de-Beaupré.

Populations animales surabondantes

L’augmentation de certaines populations animales causée par des activités anthropiques peut représenter une menace importante pour la cicutaire de Victorin. Par exemple, l'introduction du cerf de Virginie dans l’archipel de l'Isle-aux-Grues, suivie de son expansion sur la Grosse-Île, a engendré une augmentation du broutage, du piétinement et une modification de l’habitat de la cicutaire de Victorin. Des signes de broutage par le cerf de Virginie ont été observés sur la cicutaire de Victorin à la Grosse-Île en 2009 (29% des plants broutés[4]; Gilbert, 2010). La population surabondante de la Grande Oie des neiges (Chen caerulescens) dont la croissance est associée aux cultures céréalières maintenant plus présentes sur ses aires de repos et d’hivernage, peut aussi modifier l'intégrité des marais et l’habitat de la cicutaire de Victorin (Bélanger et Lefebvre, 2006; Gilbert, 2010). À noter que cette menace n’est pas identifiée dans COSEPAC (2004).

Modification de la salinité de l’eau due aux changements climatiques

Les changements climatiques pourraient engendrer plusieurs effets sur la dynamique du fleuve Saint-Laurent. Premièrement, la diminution du débit du fleuve Saint-Laurent causée par une rétention plus importante des eaux des Grands-Lacs ou par une diminution de la pluviométrie dans le bassin versant pourrait modifier le niveau de salinité dans l’estuaire (Ouranos, 2004). La cicutaire de Victorin tolère un taux de salinité peu élevé et le déplacement de la salinité vers l’amont entraînerait la disparition probable des occurrences les plus en aval, en particulier celles de Saint-Jean-Port-Joli et de l’archipel de l'Isle-aux-Grues. Alternativement, l’élévation du niveau de la mer suite à la fonte des glaciers pourrait engendrer une remontée du niveau du fleuve et déplacer la limite des eaux saumâtres vers l’amont entraînant du coup les mêmes effets potentiels (Ouranos, 2004).

Affouillement glaciel

L'affouillement glaciel (raclage par l’action des glaces) des rochers et du rivage lors des marées journalières et de la débâcle printanière des glaces pourrait provoquer l'arrachement de certains individus (COSEPAC, 2004). De telles actions peuvent également être bénéfiques en fournissant des zones d'établissement aux graines. Toutefois, on ne sait pas si ces événements naturels sont maintenant plus fréquents, plus répandus et plus sévères qu’avant la mise en place des infrastructures le long des rives du fleuve Saint Laurent et les changements climatiques affectant le fleuve. Morisset (2008) mentionne une diminution marquée du nombre d’individus dans l’occurrence de Saint-Jean-Port-Joli causée par l’abrasion des glaces libres en hiver. Auparavant, un banc de glace stable recouvrait la zone intertidale pendant tout l’hiver, limitant l’affouillement glaciel à une période plus brève au printemps. Gilbert (2010) note également que plusieurs occurrences de la cicutaire de Victorin sont affectées par cette problématique.

Pollution

Même si la qualité de l'eau s'améliore dans le fleuve Saint-Laurent, elle est encore polluée par de nombreux rejets dont les phosphates d’origine agricole ou résidentielle (COSEPAC, 2004). La présence de matières fertilisantes dans les eaux du Saint-Laurent provoque par endroit des efflorescences d’algues et d'autres plantes aquatiques (Vallisneria americana, Potamogeton sp., etc.) qui peuvent alors recouvrir les occurrences de la cicutaire de Victorin. Les marées suivantes brassent l'eau et permettent de découvrir les individus, mais leur amplitude est variable.

Érosion

Les changements dans les niveaux d’eau du fleuve Saint-Laurent peuvent retarder la prise des glaces, permettant ainsi aux tempêtes automnales de provoquer des dommages importants aux rivages en accélérant l’érosion des rives et des ouvrages protégeant les remblayages (Ouranos, 2004). Cette érosion accrue entraîne des pertes nettes d’habitat; phénomène accentué par le batillage des bateaux qui empruntent la voie maritime du Saint-Laurent (Gilbert, 2010). Cette menace n’est pas identifiée dans le rapport du COSEPAC (2004).

Déversements d'hydrocarbures

Un déversement d'hydrocarbures pourrait détruire les occurrences de la cicutaire de Victorin le long de l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent en souillant les individus de produits toxiques et en modifiant les conditions abiotiques (Coursol, 1999; COSEPAC, 2004). Les impacts liés au nettoyage des rives suite à un tel déversement seraient aussi considérables. L’étroitesse du fleuve Saint-Laurent au niveau de la Ville de Québec augmente ce risque.

Rejet de débris sur le littoral

La présence de débris rejetés par les riverains (ex. amoncellements de copeaux de bois en tapis très denses, débris végétaux de fauchage en rive, rognures de gazon, feuilles à l’automne) a été observée dans certaines occurrences. Si le recouvrement des individus se poursuit trop longtemps, la floraison et la survie d'une partie des individus pourraient être compromises dans ces occurrences. Cependant, il est à noter que la position de l'espèce dans le littoral supérieur fait en sorte qu'elle est soumise naturellement à la déposition de débris végétaux (ex. algues) qui viennent deux fois par jour avec les marées. Cette menace n’est pas identifiée dans le rapport du COSEPAC (2004).

L’objectif de gestion se décline en deux temps. À long terme, il s’agit de maintenir et, si possible, d’augmenter la taille de la population et la zone d’occupation de la cicutaire de Victorin dans l’ensemble de son aire de répartition au Québec. À court terme, il s’agit de maintenir et, si possible, augmenter la taille de la population et la zone d’occupation de la cicutaire de Victorin de chacune des 18 occurrences identifiées comme cibles prioritaires.

L’approche utilisée pour identifier les cibles prioritaires provient du « Plan de conservation de la cicutaire maculée variété de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii)) » élaboré par le Gouvernement du Québec (Jolicoeur et Couillard, 2007). Ce plan identifie des cibles prioritaires en appliquant les quatre critères suivants : 1) Protéger toutes les occurrences connues d’excellente (A) et de bonne (B) qualité; 2) Assurer la protection d’au moins une occurrence viable par ensemble physiographique actuellement occupé; 3) Assurer la protection d’au moins une occurrence viable par type d’habitat actuellement occupé; et 4) Réintroduire l’espèce, s’il y a lieu, dans les ensembles physiographiques où elle est disparue ou historique.

Le plan de conservation identifie ainsi 17 occurrences comme cibles prioritaires. Cependant, des inventaires subséquents à la publication de ce plan ont permis d’ajouter une nouvelle occurrence de qualité B (celle de Neuville) et ont entraîné la révision des cotes de qualité de plusieurs occurrences. L’application des quatre critères de sélection de cibles prioritaires à ces données plus récentes a mené à l’identification de 17 occurrences de qualité A et B. Une occurrence de qualité C a été ajoutée afin de représenter les différents secteurs de l’aire de répartition (critère 2). Ces occurrences satisfont aux exigences des troisième et quatrième critères sans qu’il soit nécessaire d’ajouter d’autres cibles prioritaires. Un total de 18 occurrences sont ainsi identifiées comme cibles prioritaires (tableau 2).

Les 18 occurrences prioritaires représentent à elles seules environ 90% des individus fructifères. De plus, plusieurs occurrences prioritaires abritent d’autres espèces floristiques en péril ou susceptibles d’être ainsi désignées (LEP, LEMV), ce qui accroît leur valeur pour la conservation.

La sélection de ces occurrences prioritaires pourrait éventuellement être bonifiée par une analyse plus globale de la valeur de conservation des marais de l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent à partir d’un plus grand nombre de facteurs, comme la présence de forêts riveraines et d’espèces fauniques d’intérêt. Un exercice en ce sens a d’ailleurs été entrepris par Conservation de la nature Canada (Désilets et al., 2009).

Tableau 2. Occurrences prioritaires de la cicutaire de Victorin.1
No Occurrence Cote de qualité Nombre d’autres espèces végétales en péril2 Région administrative/
Municipalité régionale de compté
Tenure/Protection3
1 Deschambault Grondines C 11 Capitale-Nationale/ Portneuf Publique
2 Saint-Augustin-de-Desmaures A 13 Capitale-Nationale/ Québec Privée/
Site privé protégé
3 Cap-Rouge B 8 Capitale-Nationale/ Québec Publique
4 Sainte-Pétronille B 1 Capitale-Nationale/ L’Île-d’Orléans Publique
5 Lévis, pointe de La Martinière A 5 Chaudière-Appalaches/ Lévis Privée
6 Beaumont, anse de Vincennes et secteur plus à l’ouest A 4 Chaudière-Appalaches/ Lévis Publique
7 Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans A 1 Capitale-Nationale/ L’Île-d’Orléans Publique
8 Saint-Michel de-Bellechasse B 7 Chaudière-Appalaches/ Bellechasse Publique/
Habitat floristique
9 Pointe à Labrecque, anse Saint-Vallier (Saint-Michel-de-Bellechasse, Saint-Vallier) B 8 Chaudière-Appalaches/ Bellechasse Publique
10 Beaupré A 2 Capitale-Nationale/ La Côte-de-Beaupré Publique
11 Pointe Dauphine (Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans) A 9 Capitale-Nationale/ L’Île-d’Orléans Publique
12 Pointe de Saint-Vallier, anse de Bellechasse A 7 Chaudière-Appalache/ Bellechasse Mixte/
Site privé protégé
13 Anse de Berthier A 9 Chaudière-Appalaches/ Montmagny Publique/
Habitat floristique
14 Île aux Grues A - Chaudière-Appalaches/ Montmagny Publique
15 Anse du Cap (Cap-Saint-Ignace) A 4 Chaudière-Appalaches/ Montmagny Publique/
Habitat floristique
16 L’Islet, rocher Panet B - Chaudière-Appalaches/ L’Islet Publique
17 Saint-Jean-Port-Joli, anse de Trois-Saumons A - Chaudière-Appalaches/ L’Islet Publique
18 Neuville, au sud du marais Provencher B 10 Capitale-Nationale/ Neuville Mixte /
Site privé protégé (partiel)

1 Tableau modifié de Jolicoeur et Couillard (2007).
2 Nombre d’espèces végétales menacées ou vulnérables désignées en vertu de la LEMV ou susceptibles d’être ainsi désignées selon le CDPNQ.
3 Certaines occurrences sont situées dans des Aires de concentrations d’oiseaux aquatiques (statut accordé par le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune) et des Refuges d’oiseaux migrateurs. Bien que ces statuts peuvent servir à limiter certaines menaces, ils n’ont pas un objectif explicite de protection des plantes. Ils ne sont pas mentionnés dans le présent tableau, ni comptabilisés comme offrant une protection à la cicutaire de Victorin.

Suivi des occurrences

Dans le cadre des initiatives de l'Équipe de rétablissement de la flore menacée de l'estuaire d'eau douce du Saint-Laurent, une méthodologie de suivi a été développée en 2008. Ce suivi a permis de préciser certains paramètres démographiques de plusieurs occurrences de la gentiane de Victorin (Gentianopsis virgata ssp. victorinii), de la cicutaire de Victorin et de l'ériocaulon de Parker (Eriocaulon parkeri) (Gilbert, 2009, 2010). Les occurrences de Saint-Augustin-de-Desmaures, de Grosse-Île, de la pointe de Saint-Vallier, de cap Tourmente et une nouvelle occurrence à la pointe aux Pins à l’Île aux Grues ont été ciblées et ont fait l’objet de suivi. Il a été proposé qu’une vingtaine de quadrats permanents y fassent l’objet d’un suivi annuel (Gilbert, 2009).

Conservation

Au niveau provincial, le gouvernement du Québec a publié en 2007 le « Plan de conservation de la cicutaire maculée variété de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii) : Espèce menacée au Québec » (Jolicoeur et Couillard, 2007) où sont énumérées les occurrences identifiées comme cibles prioritaires de conservation, les problématiques de conservation et les différentes stratégies d’intervention pour la période 2007-2011. Les stratégies d’intervention sont les suivantes : la constitution d’habitats floristiques sur les terres du domaine hydrique de l’État, l’appui à des organismes de conservation dans leurs projets d’acquisition ou de conservation volontaire, la sensibilisation des municipalités à la gestion des habitats floristiques désignés et l’implication des municipalités dans cette gestion, ainsi que l’appui aux travaux de l’Équipe de rétablissement de la flore menacée de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent.

Une ébauche de plan de sensibilisation a été élaborée par divers organismes en 2007 (Patricia Désilets, communication personnelle). Diverses activités de communication pour sensibiliser le public à la situation précaire de la cicutaire de Victorin et des autres espèces endémiques aux rives de l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent ont été mises en place par des organismes de conservation. À noter que la présence de plantes endémiques à l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent, dont la cicutaire de Victorin, a été considérée dans le rapport d’analyse environnementale relatif à l’implantation du terminal méthanier Rabaska à Lévis et que des mesures pour atténuer les impacts environnementaux associés à ce projet ont été suggérées.

Protection

Plusieurs terres privées ont été acquises à des fins de conservation par divers organismes et un statut légal de protection de l’habitat a été attribué à plusieurs sites. Environ le tiers des occurrences bénéficient d’une forme directe de protection juridique, incluant trois habitats floristiques provinciaux (voir article 17 de la LEMV) et deux sites protégés par des organismes non-gouvernementaux.

Recherche

Une revue de littérature sur les aspects génétiques et biologiques des espèces estuariennes a été effectuée.

Les stratégies du présent plan de gestion s’inspirent des activités de conservation identifiées dans le Plan de conservation de la cicutaire de Victorin au Québec (Jolicoeur et Couillard, 2007). Le calendrier de mise en œuvre des activités est présenté dans le Tableau 3.

Stratégie 1 : Assurer la conservation et la gestion des occurrences

Pour assurer le maintien de la taille de la population et la zone d’occupation des occurrences prioritaires de la cicutaire de Victorin, il est essentiel de préciser leurs limites spatiales. Une meilleure délimitation du domaine hydrique de l’état québécois (limite supérieure sur la rive) devrait permettre de faciliter la conservation et la gestion des occurrences prioritaires s’y trouvant étant donné les droits dont dispose le Gouvernement du Québec sur ces terres[5]. La tenure des terres (propriété privée ou publique des lots) où se trouvent les occurrences prioritaires de la cicutaire de Victorin doivent également être précisées principalement dans les secteurs de la Côte-de-Beaupré et de la Côte-du-Sud. Enfin, les plans de conservation, de gestion, et autres documents administratifs actuels qui visent la gestion des territoires devront être ajustés pour considérer les besoins de la cicutaire de Victorin.

Puisque plusieurs espèces floristiques en péril partagent le même habitat que celui de la cicutaire de Victorin, une approche plurispécifique de conservation du littoral sera privilégiée en appuyant les travaux de l’Équipe de rétablissement de la flore menacée de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent.

En parallèle, il est primordial de sensibiliser les divers utilisateurs du fleuve Saint-Laurent (pêcheurs, kayakistes, plaisanciers) et des berges (chasseurs, propriétaires riverains) qui engendrent plusieurs des menaces aux occurrences de la cicutaire de Victorin. Cela nécessite d’informer le public et les collectivités riveraines concernant la fragilité du milieu et à l’importance de cet écosystème unique qui abrite de nombreuses espèces végétales en péril.

Stratégie 2 : Accroître les connaissances de nature démographiques, biologiques et taxinomiques

Le suivi des occurrences de la cicutaire de Victorin (Gilbert, 2009, 2010) a permis de recueillir des données essentielles sur la variabilité temporelle de l’abondance et de la répartition à certaines occurrences. Ce suivi doit être poursuivi pour quantifier la dynamique spatio-temporelle des occurrences à moyen terme. Le suivi d’occurrences de faible qualité ou historiques ainsi que la réalisation d’inventaires dans des secteurs offrant de l’habitat potentiel permettrait de préciser l’aire de répartition actuelle ainsi que la tendance de la population de cette espèce endémique au Québec.

Des études sont requises afin de mettre au point un critère d’identification fiable qui n’est pas basé sur le fruit ce qui permettrait d’identifier la cicutaire de Victorin plus facilement par rapport à la cicutaire maculée. En effet, les occurrences prioritaires se trouvent souvent à proximité de la cicutaire maculée et de nombreux spécimens identifiés sur le terrain comme étant de la variété victorinii ont été identifiés comme étant de la variété maculata suite au séchage des spécimens. Cette problématique a été rencontrée à plusieurs reprises dans les occurrences à l’est de Québec, principalement dans l’archipel de l’Isle-aux-Grues, la MRC de la Côte-de-Beaupré et la MRC de Montmagny. La viabilité des occurrences de même que les taux de reproduction et de mortalité de l’espèce doivent également être précisés par des travaux scientifiques sur le terrain, associés à des expériences avec manipulations in situ ou ex situ. Enfin, la proximité spatiale des deux variétés laisse croire qu’il pourrait y avoir des échanges génétiques entre les deux variétés (introgression) et que le patrimoine génétique de la cicutaire de Victorin pourrait être menacé, il importe de répondre à ces questions.

La dynamique de l’habitat doit être caractérisée afin de comprendre les fluctuations de la taille de la population de la cicutaire de Victorin. Des études visant à quantifier l’importance des plantes envahissantes et leurs effets sur les occurrences prioritaires, de même que l’importance de l’érosion des berges et l’identification des causes sous-jacentes (p. ex. affouillement glaciel) sont requises afin d’atténuer les impacts de ces menaces.

Tableau 3. Calendrier de mise en œuvre
Activité Priorité Menaces ou préoccupations abordées Responsabilité* Calendrier
Responsable Autre
Stratégie 1 : Assurer la conservation et la gestion des occurrences
1.1 Déterminer la tenure des terres et délimiter le domaine hydrique public des 18 occurrences prioritaires. Haute Remblayage et mise en place d’infrastructures, piétinement, fauchage MDDEP ONG 2011-2012
1.2 Cartographier et délimiter spatialement les 18 occurrences prioritaires. Haute Remblayage et mise en place d’infrastructures, piétinement, fauchage MDDEP ONG Selon les occasions
1.3 Établir des accords de conservation et d’intendance avec les gestionnaires des terres et les propriétaires fonciers aux 18 occurrences prioritaires. Haute Remblayage et mise en place d’infrastructures, piétinement, fauchage MDDEP APC, ONG Annuellement
1.4 Encourager l’approche plurispécifique pour la conservation de la flore menacée de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent. Haute Toutes MDDEP, EC, APC ONG, universités Annuellement
1.5 Incorporer les recommandations du présent plan de gestion aux documents administratifs existants sur les territoires (ex. plan d’urbanisme d’une ville) où des occurrences sont présentes. Moyenne Toutes MDDEP EC, APC, municipalités, MRC 2011-2016
1.6 Tenir des activités de sensibilisation et de communication avec les propriétaires fonciers, les groupes d’intérêt et le grand public dans les secteurs où existent des occurrences de cicutaire de Victorin. Haute Remblayage et mise en place d’infrastructures, piétinement, plantes envahissantes, fauchage MDDEP, APC ONG 2011-2016
1.7 Informer les intervenants appelés à participer à des évaluations environnementales sur le statut de la cicutaire de Victorin Moyenne Toutes MDDEP, EC, APC MRNF Annuellement
Stratégie 2 : Accroître les connaissances de nature démographiques, biologiques et taxinomiques
2.1 Poursuivre le programme de suivi d’occurrences de la cicutaire de Victorin (Gilbert, 2009, 2010) et l’élargir au besoin Haute Toutes MDDEP ONG, EC, APC Annuellement
2.2 Rechercher et effectuer le suivi des occurrences ayant une cote de qualité D, E et H et caractériser leur habitat. Haute Toutes MDDEP EC, ONG 2011-2016
2.3 Localiser les secteurs offrant l’habitat potentiel (incluant la baie des Chaleurs) et y effectuer des inventaires. Moyenne Lacunes dans les connaissances MDDEP EC, APC, ONG 2011–2016
2.4 Incorporer les données de suivi au CDPNQ de façon récurrente. Basse n/a MDDEP Annuellement
2.5 Déterminer un nouveau critère d’identification pour la variété victorinii. Haute Lacunes dans les connaissances Universités MDDEP 2011-2016
2.6 Caractériser l’habitat et les microhabitats des occurrences connues. Moyenne Toutes MDDEP, universités ONG 2011–2016
2.7 Quantifier les effets des plantes envahissantes et des espèces surabondantes sur les occurrences actuelles. Moyenne Plantes envahissantes, espèces surabondantes Universités 2011–2016
2.8 Mesurer l’érosion des berges aux occurrences actuelles et déterminer les facteurs responsables. Moyenne Modification de la salinité, affouillement glaciel, érosion Universités 2011–2016
2.9 Déterminer la viabilité des occurrences (manipulations in situ ou ex situ) et évaluer les taux de reproduction et de mortalité. Basse Lacunes dans les connaissances Universités 2011–2016
2.10 Évaluer la possibilité d’hybridation et d’introgression entre les deux variétés, de même que la diversité génétique entre les occurrences et au sein des occurrences. Basse Lacunes dans les connaissances Universités 2011–2016

* APC : Agence Parcs Canada; EC : Environnement Canada; MAPAQ : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec; MDDEP : Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs; MRC : Municipalités régionales de comté ; MRNF : Ministère des Ressources naturelles et de la Faune; ONG : Organisations non-gouvernementales. Le nom des organismes gouvernementaux et des organisations non gouvernementales indiqués dans ce tableau n’est donné qu’à titre indicatif et cela ne les engage pas à mettre en œuvre les mesures proposées, cette mise en œuvre étant dépendante des priorités et des contraintes budgétaires de chacun des organismes.

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte de l’objectif de gestion en matière de population et de répartition. Le succès de la mise en œuvre du présent plan de gestion sera évalué à tous les cinq ans selon les indicateurs de rendement suivants :

Bélanger, L. et J. Lefebvre. 2006. Plan de gestion intégrée durable de la Grande Oie des neiges au Québec : Plan d’action 2005-2010. Service canadien de la faune, région du Québec, Environnement Canada, Sainte-Foy, 34 p.

Brouillet, L., D. Bouchard et F. Coursol. 2004. Les plantes menacées ou vulnérables et autres plantes rares de l’estuaire fluvial du Saint-Laurent entre Grondines et Saint-Jean-Port-Joli. Rapport préparé pour le gouvernement du Québec, ministère de l’Environnement, Direction du patrimoine écologique et développement durable, Québec. 85 p.

CDPNQ. 2009. Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec. 2009. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du patrimoine écologique et des parcs.

COSEPAC. 2004. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la cicutaire de Victorin Cicuta maculata var. victorinii au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 25 p.

Coursol, F. 1999. La situation de la cicutaire maculée variété victorin (Cicuta maculata var. victorinii) au Québec. Gouvernement du Québec, ministère de l'Environnement et de la Faune, Direction de la conservation et du patrimoine écologique, Québec. 39 p.

Désilets, P., H. Pelletier-Gilbert, S. Giguet et H. Breich, 2009. Plan de conservation de l’aire naturelle de l’Estuaire d’eau douce. Conservation de la nature Canada, région du Québec. Rapport inédit. 84 p.

Gilbert, H. 2009. Développement d’une méthodologie et évaluation en 2008 (an zéro) du suivi des populations de trois espèces en situation précaire dans l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent : Gentiane de Victorin (Gentianopsis virgata ssp. victorinii), Cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii), Ériocaulon de Parker (Eriocaulon parkeri). Rapport final pour Parcs Canada, Unité de gestion de Québec dans le cadre des travaux de l’Équipe de rétablissement de la flore menacée de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent. 87 p. et annexes.

Gilbert, H., 2010. Suivi en 2009 des populations de trois espèces en situation précaire de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent : gentiane de Victorin (Gentianopsis virgata ssp. victorinii), cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii), ériocaulon de Parker (Eriocaulon parkeri). Pour Environnement Canada, Canards Illimités, Parcs Canada, ministère du Développement durable et des Parcs et Conservation de la Nature, Québec, dans le cadre des travaux de l’Équipe de rétablissement de la flore menacée de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent. ix + 81 pages + 4 annexes et CD-ROM.

Jolicoeur, G. et L. Couillard 2007. Plan de conservation de la cicutaire maculée variété de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii) : Espèce menacée au Québec. Gouvernement du Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du patrimoine écologique et des parcs, Québec. 16 p.

Legault, A. 1986. Rapport de situation du COSEPAC sur la cicutaire de Victorin Cicuta maculata var. victorinii au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa. 20 p.

Marie-Victorin, Fr. 1964. Flore laurentienne. Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal. 925 p.

Mulligan, G.A. 1980. The genus Cicuta in North America. Canadian Journal of Botany 58:1755-1767.

NatureServe. 2009. NatureServe Explorer. An online encyclopedia of life [web application] (en anglais seulement). Version 7.1. NatureServe, Arlington, Virginia. (Accessed: January 2, 2009).

Ouranos. 2004. S’adapter aux changements climatiques. Bibliothèque nationale du Québec. 83 p.

Robert, E. 1993. Étude des plantes rares du littoral du fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Saint-Vallier, comté de Bellechasse, Québec. Travail présenté dans le cadre du cours BIO-10084 à Pierre Morisset et Robert Gauthier, Faculté des sciences et de génie de l'Université Laval, Département de biologie. Travail non publié, 117 p.

Rousseau, J. 1930. Le pH de quelques habitats aquatiques. Le Naturaliste canadien 57:113-115.

Rousseau, J. 1932. Contribution à l’étude du Gentiana victorinii. Contributions du laboratoire de botanique de l’Université de Montréal, no 23. 7 p.

Occurrence Dernière évaluation* Cote de qualité
Anse de Berthier 1995-09-13 A
Anse du Cap (Cap-Saint-Ignace) 1996-09-15 A
Beaupré 2007-08-16 A
Île aux Grues 1996-09-04 A
Lévis, pointe Martinière 1996-09-04 A
Beaumont, anse de Vincennes et secteur plus à l'ouest 2005 A
Pointe Dauphine (Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans) 1995-08-29 A
Pointe de Saint-Vallier, anse de Bellechasse 2005-09-05 A
Saint-Augustin-de-Desmaures 2005-09-04 A
Saint-Jean-Port-Joli, anse de Trois-Saumons 1997 A
Saint-Laurent-de-l’Île-d'Orléans 1997-09-02 A
Cap-Rouge 1995-08-17 B
L'Islet, rocher Panet 1996-09-05 B
Neuville, au sud du marais Provencher 2008-08-26 B
Sainte-Pétronille 2007-08-16 B
Pointe à Labrecque, anse Saint-Vallier (Saint-Michel-de-Bellechasse, Saint-Vallier) 1995-09-11 B
Saint-Michel-de-Bellechasse 1995-09-12 B
Deschambault-Grondines 1996-09-20 C
Saint-Jean-Port-Joli, quai 1996-09-05 C
MRC de Bellechasse, accès par une petite route perpendiculaire à la 132 nommée Entrée 27, baie de Beaumont 2007-08-15 C
Berthier-sur-Mer, trou de Berthier 1995-09-13 D
Île aux Grues, quai 1996-0904 D
L'Islet-sur-Mer, anse à l'est du quai 1995-08-27 D
Pointe-aux-Trembles-Ouest, pointe à Alain 1995-09-19 D
Saint-Nicolas, anse Ross 1991-09-05 D
Saint-François, Île d'Orléans 1997-09-02 D
Saint-Jean, à l'ouest de l'embouchure de la rivière Lafleur 1995-08-28 D
Saint-Joachim, réserve nationale de faune du Cap-Tourmente, pointe-aux-Prêtres 2004-09-02 D
Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans, Village-des-Anglais, trou Saint-Pierre. 1995-09-20 D
Saint-Nicolas, pointe Saint-Nicolas, anse du Vieux Moulin, à l'est du ruisseau Couture 1995-09-18 D
Saint-Romuald, anse à l'ouest de l'embouchure de la rivière Etchemin 1995-08-26 D
TNO aquatique de la MRC de Lotbinière, pointe Platon, batture à l'est 1996-09-20 D
Beaumont, anse à Margot, vis-à-vis le lot 320 2003-09-12 E
Berthier-sur-Mer, anse de Bellechasse 2004-01-01 E
Cap-Saint-Ignace 2006-08-22 E
Grosse-Île 1993-07-20 E
Montmagny, à environ 6 km au nord-est de la marina de Berthier-sur-Mer 2006-10-20 E
Sainte-Anne-de-la-Pérade 2001 E
TNO aquatique de la MRC de Bellechasse, à environ 1 km au nord-est de la baie de Beaumont et à environ 500 m au sud-ouest de l'anse au Moulin 2006-08-20 E
Batiscan 1941-07-05 F
Chandler, baie des Chaleurs 1931-08-06 H
L'Ange-Gardien 1942-08-23 H
Lotbinière 1985-08 H
Beauport 1913-08-19 X
Saint-Nicolas, pointe à Basile 1950-07-14 X

* La date indique la dernière visite lors de laquelle le nombre d’individus a été évalué pour l’ensemble de l’occurrence. Bien que certaines occurrences font l’objet de suivis depuis 2008, la méthodologie employée (dénombrements dans des parcelles de 10 m x 10 m) ne permet pas de mettre à jour les données sur le nombre d’individus aux occurrences visitées.

Cote de qualité Signification
A Population de plus de 100 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine.
B Population de 51 à 100 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine ou population de 100 individus perturbée par le remblayage ou par la circulation des piétons ou des véhicules.
C Population de 10 à 50 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine ou population de 51 à 100 individus perturbée parle remblayage ou par la circulation des piétons ou des véhicules.
D Population de moins de 10 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine ou population de 10 à 50 individus perturbée parles activités de remblayage, le piétinement humain ou la circulation des véhicules.
E Population récente, l'observation de la population remonte à moins de 25 ans, mais nous ne possédons pas d’informations sur sa démographie.
F Population non retracée malgré des efforts de recherche importants.
H Population historique, l'observation de la population remonte à plus de 25 ans.
X Population éradiquée

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement.

La planification de la gestion d’une espèce préoccupante vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des plans de gestion peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

La possibilité que ce plan de gestion produise par inadvertance des effets négatifs sur l’environnement et sur d’autres espèces a été envisagée. Les activités recommandées se limitant à des activités non-intrusives, telles des suivis des occurrences et des activités de sensibilisation, il est possible de conclure que le présent plan de gestion n’entraînera pas d’effets négatifs significatifs.

La cicutaire de Victorin est tributaire du littoral supérieur et moyen. De ce fait, la conservation de cette espèce pourra contribuer à maintenir quelques vestiges des forêts riveraines adjacentes menacées de disparaître. La conservation d’habitat de la cicutaire de Victorin aura des effets bénéfiques sur les nombreuses espèces fauniques qui fréquentent cet habitat, dont entre autre la sauvagine nicheuse, ainsi que sur les autres espèces végétales endémiques à l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent qui vivent en association avec la cicutaire de Victorin dont plusieurs sont en situation précaire comme la vergerette de Provancher (Erigeron philadelphicus ssp. provancheri) (espèce préoccupante inscrite à l’Annexe 3 de la LEP et espèce menacée en vertu de la LEMV), la plupart des occurrences de la gentiane de Victorin (espèce menacée inscrite à l’Annexe 1 de la LEP et espèce menacée en vertu de la LEMV ) et l’ériocaulon de Parker (espèce menacée en vertu de la LEMV). De plus, une dizaine d’autres espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec vivent en association avec la cicutaire de Victorin. Les activités de conservation des sites qui abritent les occurrences de cicutaire de Victorin ainsi que la sensibilisation du public et des collectivités riveraines contribueront directement à la conservation des populations de ces autres espèces rares de l’estuaire d’eau douce du fleuve Saint-Laurent.


1 Une occurrence est constituée de un ou plusieurs individus circonscrits spatialement. Elle peut être actuelle ou historique et varier en terme de superficie.

2 Lancéolée: en forme de lance; ombellule : petite ombelle d’une ombelle composée (type d’inflorescence dont les nombreuses fleurs divergent comme les rayons d’une sphère); pédicelle : tige de chaque fleur. Adapté de Marie-Victorin (1964).

3 Les onze occurrences pour lesquelles le CDPNQ ne possède pas de données démographiques sont des occurrences n’ayant pas fait l’objet d'inventaires depuis plus de 25 ans ou n’ayant jamais été inventoriées.

4 Frédéric Coursol, communication personnelle, mentionne que l’action des marées peut parfois arracher les hampes florales ce qui peut donner l’apparence de broutage. Ce pourcentage est donc probablement surestimé.

5 L’article 919 du Code civil du Québec précise que l’État est propriétaire du lit des cours d’eau navigables et flottables jusqu’à la ligne des hautes eaux (sauf exceptions où il peut y avoir eu concession du lit ou de la rive en function de privileges historiques reliés au régime seigneurial). Il en est de même du lit des lacs et cours d'eau non navigables ni flottables bordant les terrains aliénés par l'État après le 9 février 1918. Avant cette date, la propriété du fonds riverain emportait, dès l'aliénation, la propriété du lit des cours d'eau non navigables ni flottables. Dans tous les cas, la loi ou l'acte de concession peuvent disposer autrement.

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