Plagiobothryde délicate (Plagiobothrys tenellus): évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2008

Table des matières

Plagiobothryde délicate Plagiobothrys tenellus

Liste des figures

Liste des tableaux

Liste des annexes

Plagiobothryde délicate Plagiobothrys tenellus

Dessin au trait de la plagiobothryde délicate (Plagiobothrys tenellus).

Menacée 2008

COSEPAC - Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2008. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la plagiobothryde délicate Plagiobothrys tenellus au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 24 p.

Note de production :

Le COSEPAC remercie feu George W. Douglas et Shyanne J. Smith, qui ont rédigé le rapport de situation sur la plagiobothryde délicate (Plagiobothrys tenellus) au Canada. Le COSEPAC aimerait également remercier chaleureusement Parcs Canada qui a fourni le financement pour la préparation du présent rapport. Erich Harber, coprésident (plantes vasculaires) du Sous-comité de spécialistes des plantes et lichens du COSEPAC, a supervisé le présent rapport et en a fait la révision avec la participation des membres du COSEPAC. Cet examen peut avoir entraîné des modifications et des ajouts à la version initiale de ce rapport.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-953-3215
Téléc. : 819-994-3684
Courriel du COSEPAC
Site Web du COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the slender popcornflower Plagiobothrys tenellus in Canada.

Illustration de la couverture :
Plagiobothryde délicate -- Illustration par Douglas et al. 1998a, avec permission.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2009.
No de catalogue CW69-14/570-2009F-PDF
ISBN978-1-100-91392-6

COSEPAC Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Novembre 2008

Nom commun : Plagiobothryde délicate
Nom scientifique : Plagiobothrys tenellus
Statut : Menacée
Justification de la désignation : Il s’agit d’une herbe annuelle de pentes herbeuses et de falaises côtières se trouvant dans l’écosystème du chêne de Garry fortement réduit et fragmenté. Près de la moitié des populations connues sont disparues des zones fortement touchées par les plantes exotiques envahissantes dans le sud-est de l’île de Vancouver et des îles Gulf voisines. Il ne reste que sept petites populations. La taille des populations fluctue, probablement selon les précipitations, et plusieurs de ces populations ne comprennent que quelques individus. La taille de la population totale est estimée à moins de 1000 individus. Les plantes envahissantes continuent de dégrader l’habitat de l’espèce dans tous les sites.
Répartition : Colombie-Britannique
Historique du statut : Espèce désignée « menacée » en novembre 2008. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

COSEPAC Résumé

Plagiobothryde délicate - Plagiobothrys tenellus

Information sur l’espèce

La plagiobothryde délicate (Plagiobothrys tenellus) appartient à la famille des Boraginacées. Le genre Plagiobothrys réunit une cinquantaine d’espèces, dont la plupart poussent en Amérique du Nord; certaines se rencontrent en Amérique du Sud ou en Australie. Trois espèces sont présentes au Canada. La plagiobothryde délicate est une annuelle à racine pivotante mince, à tige simple ou parfois ramifiée haute de 5 à 25 cm. Les feuilles basilaires sont disposées en rosette, tandis que les feuilles caulinaires sont peu nombreuses, alternes, devenant plus petites vers le sommet de la tige. Les tiges florifères portent de petites fleurs réunies en inflorescences terminales spiralées. Les pétales sont blancs, soudés à la base, ce qui laisse 5 lobes former la partie évasée de la corolle. Les nucules sont cruciformes et verruqueuses.

Répartition

L’espèce s’étend principalement à l’est de la chaîne des Cascades, depuis le sud–ouest de la Colombie–Britannique jusqu’au sud de la Californie et du Nevada. En Colombie-Britannique, les populations se trouvent dans l’écosystème du chêne de Garry, dans la zone côtière à douglas, zone sèche du sud-est de l’île de Vancouver et des îles Gulf adjacentes. Moins de 1 % de l’aire de répartition nord-américaine totale de l’espèce se trouve au Canada. La zone d’occurrence des populations historiques et actuelles est d’environ 370 km², et la zone d’occurrence actuelle au Canada est d’environ 300 km². Au Canada, la plagiobothryde délicate a été signalée dans 13 localités, dont 7 sont considérées comme abritant encore des populations. Les populations canadiennes sont distantes de 10 à 15 km et se trouvent au moins 300 km au nord de l’aire de répartition principale de l’espèce. Au Canada, la superficie réellement occupée par l’espèce est de 150 à 350  et correspond à un indice de  zone d’occupation de 7 km², d’après une grille à mailles de 1 km, ou de 28 km², d’après une grille à mailles de 2 km.

Habitat

En Colombie-Britannique, les populations de plagiobothryde délicate se trouvent dans l’écosystème du chêne de Garry du sud-est de l’île de Vancouver et des îles Gulf adjacentes. Cette zone profite d’un climat méditerranéen caractérisé par des hivers pluvieux et doux et des étés chauds et secs. L’espèce pousse sur des escarpements côtiers et autres pentes escarpées herbeuses et sèches exposées au sud ou au sud–ouest, souvent sur des sols graveleux ou rocheux exposés. On ne dispose pas de données précises sur les tendances en matière d’habitat de la plagiobothryde délicate au Canada, mais on sait que l’écosystème du chêne de Garry a considérablement reculé : de nos jours, cet écosystème est très fragmenté et occupe moins de 5 % de son aire de répartition historique.

Biologie

Aucune recherche n’a été effectuée sur la biologie de la plagiobothryde délicate. On sait que l’espèce est annuelle et que les fleurs sont hermaphrodites, c’est–à-dire qu’elles contiennent à la fois des organes mâles et des organes femelles. En Colombie–Britannique, la floraison a été observée de la fin avril à la fin mai, et les graines sont produites en juin. Les oiseaux sont probablement les seuls agents actifs de dispersion à grande distance. À l’échelle locale, les graines sont probablement dispersées par les petits mammifères et par gravité.

Taille et tendances des populations

On présume qu’il existe encore au Canada sept populations de la plagiobothryde délicate, dont une dans le sud-est de l’île de Vancouver et six dans les îles Gulf adjacentes. Chaque population compte 3 à 800 plantes et occupe 3 à 100 m. On ne connaît pas les tendances récentes des populations, même si on sait depuis plus d’un siècle que l’espèce est présente dans la région de Victoria. On sait également que l’espèce a subi un déclin historique, puisque 6 des 13 populations connues n’existent plus. D’après les relevés les plus récents, de 400 à 800 individus de l’espèce sont présents au Canada. Il semble que la taille de certaines populations a considérablement fluctué. Un seul site a fait l’objet de relevés visant de multiples années. La population canadienne ne pourrait probablement pas se rétablir par immigration naturelle de semences à partir des populations des États-Unis, puisque l’aire de répartition principale de l’espèce se trouve à une distance de 300 km, du côté est de la chaîne des Cascades.

Facteurs limitatifs et menaces

En Colombie-Britannique, la menace la plus évidente pour la plagiobothryde délicate est la destruction de l’habitat causée par la construction domiciliaire sur des terres privées. Ce facteur a probablement causé la disparition de populations historiques connues de l’île de Vancouver. Six des sept populations canadiennes existantes se trouvent dans les îles Gulf, où la construction domiciliaire est actuellement en progression. L’habitat et les populations encore existants pourraient également être menacés par des espèces végétales introduites. Le développement accéléré des îles Gulf et de l’île de Vancouver a contribué à la fragmentation de l’habitat et réduit donc les possibilités d’établissement de nouvelles populations et de transfert entre populations.

Importance de l’espèce

Les populations existantes de la plagiobothryde délicate se trouvent à la limite nord de l’aire de répartition de l’espèce, et elles sont isolées par rapport à l’aire de répartition principale. Or, de telles populations périphériques peuvent revêtir une importance particulière pour la survie à long terme de l’espèce dans son ensemble.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

À l’échelle mondiale, la plagiobothryde délicate est cotée G4G5, ce qui indique qu’elle est jugée « fréquente à commune (plus de 100 occurrences), apparemment non en péril, mais à répartition peut-être restreinte ou risquant d’être exposée dans l’avenir à des facteurs jugés menaçants » (G4) ou « fréquente à très commune, manifestement non en péril, risquant peu de disparaître dans les conditions actuelles » (G5). Ailleurs qu’en Colombie-Britannique, l’espèce est considérée comme rare uniquement en Utah. À l’échelle provinciale, la plagiobothryde délicate est cotée S2 par le Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique (British Columbia Conservation Data Centre), ce qui indique qu’elle est « en péril à cause de sa rareté (en général de 6 à 20 occurrences restantes, ou peu d’individus restants) ou à cause de certains facteurs qui en font une espèce susceptible de disparaître de la province ou de disparaître entièrement ». Elle figure également sur la liste rouge (liste des espèces potentiellement disparues de la province, en voie de disparition ou menacées) du ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique. Au moins 3 des 7 populations existantes de plagiobothryde délicate de Colombie-Britannique bénéficient d’une certaine protection du fait qu’elles se trouvent dans des parcs régionaux, provinciaux ou fédéraux. Il est possible que les quatre autres populations se trouvent dans des aires protégées; cependant, comme les données précises sur les localités font défaut et que les recherches récentes ont été vaines, on n’a pas pu établir si ces populations se trouvent dans des aires protégées.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2008)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DDP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (DVD) *
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (DM)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (DP)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (DNEP) ***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI) ****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD» (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Information sur l’espèce

Nom et classification

Nom scientifique : Plagiobothrys tenellus (Nutt. exHook.) A. Gray
Synonymes : Myosotis tenella Nutt. ex Hook., Eritrichium tenellum A. Gray, Plagiobothrys echinatus Greene; P. asper Greene
Nom français : plagiobothryde délicate
Noms anglais : Slender Popcornflower; Pacific Popcornflower
Famille : Boraginacées
Grand groupe végétal : Eudicotylédones

Le Plagiobothrys tenellus appartient à un genre qui regroupe environ 50 espèces poussant principalement en Amérique du Nord, mais dont certaines se rencontrent en Amérique du Sud ou en Australie (Hitchcock et al., 1959). Trois espèces sont présentes en Colombie-Britannique et donc au Canada (Scoggan, 1979; Douglas et al., 1998a).

Description morphologique

Le Plagiobothrys tenellus est une plante annuelle à racine pivotante mince, à tige simple ou parfois ramifiée haute de 5 à 25 cm (figure 1 et figure 22; Douglas et al., 1998b). Les feuilles basilaires mesurent de 0,7 à 4 cm de longueur et sont disposées en rosette. Les feuilles caulinaires sont peu nombreuses, alternes, simples, entières, couvertes d’une pubescence étalée; elles deviennent plus petites vers le sommet de la tige. Les tiges florifères portent de petites fleurs réunies en inflorescences terminales spiralées. Les pétales sont blancs, soudés à la base, ce qui laisse 5 lobes larges de 2 à 4 mm formant la partie évasée de la corolle. Les nucules sont habituellement au nombre de 4, longues de 1,5 à 2,5 mm, cruciformes, ornées de verrues disposées en rangées.

Dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique, le P. tenellus est habituellement facile à distinguer du P. figuratus et du P. scouleri, grâce à sa rosette de feuilles basilaires et à ses nucules cruciformes et verruqueuses.

Figure 1. Morphologie du Plagiobothrys tenellus (reproduction autorisée d’un dessin tiré de Douglas et al., 1998a)

Dessin au trait de la plagiobothryde délicate.

Figure 2. Plagiobothrys tenellus en fleurs, à l’île Saturna, en Colombie-Britannique.


Photo de S.J. Smith, 2004

Photographie de la plagiobothryde délicate en fleurs, à l’île Saturna, en Colombie-Britannique.

Description génétique

Aucune recherche sur la génétique de populations canadiennes du P. tenellus n’a été effectuée.

Unités désignables

Une seule unité désignable est reconnue, puisque toutes les populations existantes sont confinées à une seule des aires écologiques nationales reconnues par le COSEPAC, celle du Pacifique.

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le Plagiobothrys tenellus se rencontre principalement à l’est de la chaîne des Cascades, depuis le sud-ouest de la Colombie–Britannique jusqu’au sud de la Californie, y compris dans l’État de Washington, en Idaho, en Oregon, en Utah et au Nevada (Hitchcock et al., 1959; Messick, 1993; Kartesz et Meacham, 1999; figure 3).

Figure 3. Répartition du Plagiobothrys tenellus en Amérique du Nord.

Carte montrant la répartition de la plagiobothryde délicate en Amérique du Nord.

Aire de répartition canadienne

Au Canada, le P. tenellus n’est présent que dans la sous-zone maritime humide de la zone biogéoclimatique côtière à douglas (CDFmm) du sud-est de l’île de Vancouver et des îles Gulf adjacentes, dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique (Douglas et al., 2002; figure 4). Les populations canadiennes ainsi que les populations de l’État de Washington situées de 8 à 12 km plus au sud, dans les îles de San Juan, sont isolées de l’aire de répartition principale de l’espèce, car elles se trouvent au moins 300 km au nord des populations les plus proches, se trouvant dans l’est de l’État de Washington (University of Washington Herbarium Database, 2004; figure 4). Moins de 1 % de l’aire de répartition nord-américaine totale de l’espèce se trouve au Canada. La zone d’occurrence des populations historiques et actuelles est d’environ 370 km², et la zone d’occurrence actuelle est d’environ 300 km².

On a estimé à environ 150  la superficie réellement occupée par 3 des 7 populations, mais on ne connaît pas celle occupée par les 4 autres. Comme la superficie occupée par une population de P. tenellus peut fluctuer considérablement, il est impossible d’estimer avec exactitude la superficie totale occupée. D’après les surfaces connues, elle se situerait entre 150 et 350 . Les populations canadiennes sont séparées par des distances de 10 à 15 km. L’indice de zone d’occupation est de 7 km², si on utilise une grille à mailles de 1 km, ou de 28 km², si on utilise une grille à mailles de 2 km.

Figure 4.  Aire de répartition canadienne du Plagiobothrys tenellus, avec populations historiques () et existantes (après 1958) ().

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Gros point
Carte montrant l’aire de répartition canadienne de la plagiobothryde délicate, avec les populations historiques et celles existantes.

Habitat

Besoins en matière d’habitat

En Colombie-Britannique, les populations de Plagiobothrys tenellus se trouvent à l’intérieur ou à proximité de l’écosystème du chêne de Garry ou d’écosystèmes connexes1 de la zone côtière à douglas (Nuszdorfer et al., 1991). Cette zone sèche du sud-est de l’île de Vancouver et des îles Gulf adjacentes est abritée des précipitations venant de l’ouest par les monts Olympic, au sud-ouest, et les montagnes de l’île de Vancouver, à l’ouest, d’où son climat relativement chaud et sec, de type méditerranéen.

Le P. tenellus pousse sur des escarpements côtiers et autres pentes herbeuses sèches, habituellement abruptes, dégagées et exposées au sud ou au sud-ouest, à sol souvent graveleux ou rocheux et exposé (figure 5). Ces milieux se caractérisent par un mélange diversifié d’espèces indigènes (par exemple le Lotus micranthus,le Poa secunda, le Stipa lemmonii et le Trifolium microcephalum) et introduites (par exemple l’Aira caryophyllea, l’A. praecox,l’Athysanus pusillus et le Bromus sterilis).

Figure 5. Affleurement rocheux offrant un habitat au Plagiobothrys tenellus, à l’île Saturna.


Photo de G.W. Douglas 2004

Photographie d’un affleurement rocheux offrant un habitat à la plagiobothryde délicate à l’île Saturna, en Colombie-Britannique.

Tendances

Il n’existe pas de données précises sur les tendances en matière d’habitat du P. tenellus dans le sud-est de l’île de Vancouver ou les îles Gulf adjacentes, mais l’espèce suit presque assurément les mêmes tendances que les écosystèmes du chêne de Garry auxquels elle est associée. Parmi les plus grandes menaces ayant influé sur le chêne de Garry et les écosystèmes connexes au cours du dernier siècle, on compte le développement agricole, l’urbanisation et l’introduction d’espèces envahissantes. Ces facteurs ont ramené les écosystèmes du chêne de Garry à moins de 5 % de leur étendue initiale dans la région de Victoria (Lea, 2002). Les écosystèmes du chêne de Garry occupent aujourd’hui des parcelles isolées, très fragmentées, dépourvues de connexions entre elles. Aucune donnée ne permet actuellement de distinguer les pertes historiques des pertes d’habitat propre à l’espèce survenues au cours des dernières décennies. Il reste que 6 populations historiques ont disparu du Canada et que leur disparition serait probablement attribuable à la perte d’écosystèmes du chêne de Garry.

L’habitat du P. tenellus est naturellement quelque peu fragmenté, car il est très spécialisé, mais cette fragmentation a été grandement amplifiée par l’expansion urbaine dans la région du Grand Victoria. Les 6 populations historiques de Victoria (observées avant 1960) sont maintenant considérées comme disparues, de sorte qu’il ne reste qu’une population dans l’île de Vancouver.

Les 6 autres populations canadiennes existantes du P. tenellus se trouvent dans les îles Gulf et ont été signalées pour la première fois en 1980. On connaît mal ces populations, qui dans certains cas n’ont pas été observées depuis 25 ans, malgré les recherches ciblées effectuées en 2004.

Protection et propriété

Le P. tenellus bénéficie d’une certaine protection dans trois des sept localités où il est encore présent. La population de l’île Saturna se trouve dans la réserve de parc national du Canada des Îles-Gulf, tandis que celle du sud-est de l’île de Vancouver se trouve dans un parc régional.

Trois des quatre populations restantes se trouvent peut-être dans des aires protégées, mais cela reste à déterminer, puisque les localités exactes ne sont pas connues. La population de l’île Pender Sud pourrait se trouver dans la réserve de parc national du Canada des Îles-Gulf, tandis que celle de l’île Pender Nord pourrait se trouver dans un parc local, et celles de l’île Galiano, sur une propriété détenue par une fiducie foncière (Galiano Conservancy Association). On ne sait pas à qui appartient le terrain où se trouve la population de l’île Mayne.

La majorité des individus constituant les populations canadiennes du P. tenellus semblent être protégés dans des parcs. La population 2 de l’île Galiano (tableau 1) représente environ 90 % de l’effectif canadien de l’espèce, mais n’occupe que quelques mètres carrés.

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Tableau 1. Emplacement et taille des populations du Plagiobothrys tenellus en Colombie-Britannique.
Population Observations antérieures
et dernière observation
Observateur Nombre d’individus / superficie occupée
« Près de Victoria, Colombie-Britannique » 1885 Fletcher Probablement disparue
« Victoria, District Ouest » 1915 Macoun Probablement disparue
Mont Tolmie (région de Victoria) 1916 Newcombe Probablement disparue
Mont Mill Hill (région de Victoria) 1916 Newcombe Probablement disparue
Mont Douglas (région de Victoria) 1925 Redfern Probablement disparue
Lac Thetis (région de Victoria) 1958 Melburn Probablement disparue
Île Pender Sud 1980
2004
Janszen
Douglas et al.
données de 1980 non disponibles -- recherche infructueuse en 2004
Île Pender Nord 1983
2004
Ceska
Douglas et al.
données de 1983 non disponibles -- recherche infructueuse en 2004
Île Galiano (population 1) 1980
2004
Janszen
Douglas et al.
données de 1980 non disponibles -- recherche infructueuse en 2004
Île Galiano (population 2) 1998
2004
Lomer
Douglas et al.
400-500/3
recherche infructueuse en 2004
Île Mayne 1996 Penny 15 individus
Parc Lone Tree Hill (région de Victoria) 1977
1996
1997
1999
?
?
?
Ceska
9/?
13/?
6/?
3 individus/50
Île Saturna 2004
2007
Douglas et al.
Fairbarns
50/100
400-800/ superficie non notée

Biologie

Aucune recherche n’a été effectuée sur la biologie du Plagiobothrys tenellus.

Cycle vital et reproduction

Le P. tenellus est une espèce annuelle à fleurs hermaphrodites, c’est-à-dire renfermant à la fois des organes mâles et des organes femelles. En Colombie-Britannique, la floraison a été observée de la fin avril à la fin mai. Les fleurs sont probablement fécondées par pollinisation croisée entomophile, comme d’autres espèces du même genre telles le P. hirtus (U.S. FWS, 2003). La production de graines survient en juin, chaque fleur produisant jusqu’à quatre nucules renfermant chacune une seule graine. Il n’existe pas de données sur la longévité ou la viabilité des graines.

Herbivores

Il n’existe aucune information sur la consommation de la plante par les animaux. Les rédacteurs du présent rapport n’ont observé aucun signe d’herbivorie lors du relevé de 2004.

Physiologie

On ne dispose d’aucun renseignement sur la physiologie de l’espèce. La population du P. tenellus observée en 2004 occupait un sol mince au sommet d’une crête, et ce site subit vraisemblablement une sécheresse prolongée durant les mois d’été.

Dispersion

Les oiseaux constituent les agents les plus probables de dispersion du P. tenellus sur de grandes distances, puisque les populations se trouvent sur des îles et occupent des sites qui, étant éloignés de la côte, empêchent que les fruits soient dispersés par les courants marins. Les fruits sont petits (de 1,5 à 2,5 mm de longueur) et durs, et ils pourraient peut-être survivre à l’ingestion par des oiseaux. Cependant, les oiseaux qui ont le plus de chance de consommer de tels fruits sont ceux qui ont l’habitude de briser les graines et nucules avec leur bec, comme les Fringillidés (chardonnerets, etc.); en pareil cas, l’embryon de la graine ne pourrait sans doute pas survivre au passage dans le tube digestif. À l’échelle locale, les graines sont probablement dispersées par les petits mammifères et par gravité, mais on ne dispose d’aucune information précise pour corroborer ces hypothèses. Aucun facteur abiotique ne semble permettre la dispersion entre îles sur une distance de 1 à 10 km.

Relations interspécifiques

Il n’existe aucune information sur les relations interspécifiques de l’espèce. Les espèces introduites envahissantes nuisent probablement au P. tenellus.

Adaptabilité

On ne connaît aucune étude sur la multiplication ou la croissance générale de la plante ni sur la germination de ses graines.

Taille et tendances des populations

Activités de recherche

Au Canada, des recherches ont probablement été effectuées dans la plupart des habitats potentiels du Plagiobothrys tenellus, puisque les botanistes savent depuis plus d’un siècle que l’espèce est présente dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique. Le P. tenellus a été signalé dans 13 localités du Canada. Il semble que c’est Newcombe qui, en 1916, a récolté le premier spécimen de l’espèce au Canada, au mont Tolmie, à Victoria. Cependant, la présence de l’espèce près de Victoria fait l’objet de mentions datant de 1885. Cinq des treize localités ont été signalées en 1925 ou avant, et une autre l’a été en 1958 (voir le tableau 1), mais toutes ces populations sont aujourd’hui disparues, puisque l’espèce n’y a pas été retrouvée depuis plus de 40 ans. Les 7 autres localités existantes (après 1958) sont situées dans le sud-est de l’île de Vancouver et dans les îles Gulf.

Toutes les localités censées encore exister ont été visitées au cours des huit dernières années, et cinq l’ont été en 2004. Le P. tenellus n’a été trouvé qu’à l’île Saturna, une des cinq localités visitées en 2004. La superficie totale de l’habitat potentiel n’a pas été quantifiée. Des recherches ont été effectuées en 2004 dans certains sites potentiels, depuis la baie Nanoose jusqu’à Victoria, vers le sud, et les îles Gulf, vers l’est (voir l’annexe 1). Les trois localités qui, faute de temps, n’ont pas été visitées en 2004 l’avaient été au cours d’années récentes (1996, 1998 et 1999). La population de l’île Saturna a fait l’objet d’un nouveau relevé en 2007.

Abondance

Les observations les plus récentes (de 1996 à 2007) portent à croire que les populations du P. tenellus comptaient, en 2007, entre 400 et 800 individus au Canada. Même si des réservoirs de semences de cette espèce annuelle sont encore présents dans le sol des sites où sont établies la totalité ou la plupart des 7 populations considérées comme encore existantes, le nombre total d’individus qui pourraient se développer au cours d’une bonne année de croissance serait sans doute bien inférieur à 2 500 individus (tableau 1).

Fluctuations et tendances

Jusqu’à 7 populations du P. tenellus existent encore au Canada : une dans le sud-est de l’île de Vancouver et 6 dans les îles Gulf adjacentes (figure 4; tableau 1). On n’a découvert aucun individu de l’espèce dans 4 des localités examinées en 2004. L’effectif des populations se situait entre 3 individus (en 1999) et 400 à 800 individus (en 2007), les populations occupaient une superficie de 3 à 100 m². Une des populations les plus nombreuses connues (400 à 500 individus en 1998) est celle du parc provincial Bodega Ridge, à l’île Galiano, qui occupe une très petite superficie (3 ).

Les tendances des populations ne sont pas bien connues, puisque peu de localités ont été visitées à plus d’une reprise et qu’aucune activité de surveillance ciblée n’a été entreprise. Un relevé de la population 2 de l’île Galiano a permis de recenser 400 à 500 individus en 1998 (tableau 1), mais les quatre botanistes qui y ont effectué des recherches approfondies en 2004 (année de sécheresse) n’ont rien trouvé. En revanche, la population de l’île Saturna avait été estimée à 50 individus en 2004 (Douglas et Smith, tableau 1) mais en comptait 400 à 800 en 2007 (Fairbarns, comm. pers., 2008). Ces observations portent à croire que l’effectif des populations de cette espèce annuelle fluctue considérablement, vraisemblablement par un ordre de grandeur. Des graines viables demeurent sans doute dans le réservoir de semences du sol. De telles fluctuations des effectifs pourraient résulter de conditions climatiques variables et notamment de périodes de sécheresse. Les données pluviométriques recueillies le long de la côte du Pacifique indiquent que les étés 2002 et 2003 ont été parmi les 10 plus secs dans cette région du Canada et que les hivers de 2000 à 2004 ont également été parmi les plus secs (http://www.msc-smc.ec.gc.ca/ccrm/bulletin/regional_f.cfm).

La population située dans l’île de Vancouver, la seule à avoir été visitée à plusieurs reprises, pourrait soit avoir un petit effectif fluctuant, soit connaître un déclin réel. La population comptait 9 individus lors de la première observation faite en 1977, 13 en 1996, 6 en 1997 et seulement 3 en 1999 (tableau 1; BC CDC, 2003).

Immigration de source externe

Il n’existe qu’un faible potentiel d’immigration de source externe, puisque l’aire de répartition principale de l’espèce est située à 300 km de distance, sur le versant est de la chaîne des Cascades, aux États-Unis (University of Washington Herbarium Database, 2004). Même localement, les échanges de graines et de pollen entre populations sont sans doute rares, probablement à cause de l’absence d’agents de dispersion efficaces. Les populations canadiennes existantes sont très fragmentées et séparées par des distances de 10 à 15 km. La dispersion de nucules à partir d’individus poussant dans les îles San Juan situées non loin est également improbable, puisque l’espèce est rare dans ces îles. Dans le passé, la dispersion historique de l’espèce dans son aire, si elle s’est faite par les oiseaux, s’est probablement échelonnée sur des milliers d’années. L’immigration à partir de populations des États-Unis, même dans le cas de celles établies à proximité dans les îles San Juan, est sans doute improbable.

Facteurs limitatifs et menaces

En Colombie-Britannique, la menace la plus directe et la plus manifeste pour le P. tenellus est la destruction de son habitat par la construction domiciliaire sur des terres privées ou par d’autres activités d’aménagement des terres. Six des sept populations existantesse trouvent dans les îles Gulf; seulement deux d’entre elles sont certainement établies dans une aire protégée, mais il est possible que trois des quatre autres soient également protégées des activités d’aménagement.

Les renseignements obtenus à l’île Saltspring indiquent une augmentation marquée de la construction domiciliaire liée à l’accroissement de la population dans les îles Gulf. La population humaine de l’île Saltspring a fait un bond de 78 % entre 1986 et 2001 et devrait, selon les projections, augmenter de 43 % d’ici 2026 (Linda Adams, comm. pers., 2003). Dans la région de Victoria, plus peuplée, toutes les populations de l’espèce, sauf une, sont maintenant considérées comme disparues, probablement en raison de la destruction de leur habitat causée par l’urbanisation.

Une bonne partie de l’habitat convenant au P. tenellus a été grandement altérée par l’introduction de mauvaises herbes envahissantes. Cette dégradation de l’habitat constitue une menace importante et urgente pour le P. tenellus et d’autres espèces indigènes des écosystèmes du chêne de Garry, ainsi que pour leur habitat, dans le sud–est de l’île de Vancouver et les îles Gulf adjacentes. Les espèces introduites envahissantes contribuent peut-être au déclin des effectifs du P. tenellus observé depuis 1998 (seulement 53 individus ont été observés de 1999 à 2004). Cependant, pour établir s’il en est ainsi, il faudra mener d’autres activités de surveillance des populations et/ou de recherche sur les effets des espèces introduites envahissantes sur le P. tenellus. Les espèces envahissantes risquent de faire augmenter la compétition et d’assécher le sol dans les sites où le P. tenellus est présent.

La destruction de l’habitat constitue aussi une menace indirecte pour le P. tenellus, car elle augmente la fragmentation naturelle des populations. Il en résulte également une fragmentation de l’habitat qui limite la capacité de l’espèce à s’établir dans de nouveaux endroits ou à rétablir les populations disparues et restreint les échanges entre populations.

La lutte contre les incendies et le broutage passé et actuel par le bétail ont probablement aussi eu un effet sur les populations du P. tenellus. La suppression des incendies a pu causer l’accumulation de chaume sur le sol, tandis que le boisement et le broutage ont pu altérer les propriétés du sol et favoriser les espèces exotiques et les mauvaises herbes. Dans le site de l’île Saturna, le broutage actuel par des chèvres retournées à l’état sauvage a probablement provoqué une érosion du sol et un accroissement de la compétition exercée par les mauvaises herbes introduites.

Même si on ne sait pas dans quelle mesure la variabilité du climat influe sur cette espèce annuelle, les données climatiques pour la région de Victoria indiquent que l’été 2004 a été sec, se classant au 5e rang des plus faibles précipitations reçues depuis 1948 (Environnement Canada, 2008), et a fait suite à un hiver qui se classait au 4e rang des précipitations les plus faibles depuis 1948. Le fait que les recherches menées en 2004 dans un certain nombre de sites (tableau 1) ont été vaines résulte peut-être en partie d’une diminution des effectifs causée par la sécheresse de cette année-là.

Importance de l’espèce

Le Plagiobothrys tenellus n’est pas utilisé dans l’industrie horticole et n’a aucun usage culturel, médicinal ou spirituel connu (Turner, comm. pers., 2004).

Les populations existantes de Colombie-Britannique représentent la limite nord de l’aire de répartition de l’espèce et se trouvent 300 kmau nord-ouest de l’aire de répartition principale de l’espèce, aux États-Unis. Or, les populations périphériques d’une espèce présentent parfois des divergences génétiques et morphologiques par rapport à ses populations plus centrales et peuvent avoir une importance évolutive et écologique démesurée par rapport au pourcentage de l’effectif total de l’espèce qu’elles représentent (Mayr, 1982; Lesica et Allendorf, 1995). La protection de ces populations périphériques génétiquement distinctes peut donc revêtir une importance particulière pour la survie à long terme de l’espèce dans son ensemble (Lesica et Allendorf, 1995).

Protection actuelle ou autres désignations de statut

Ni la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), ni la Endangered Species Act des États–Unis, ni la Liste rouge de l’UICNne traitent du Plagiobothrys tenellus. À l’échelle mondiale, le P. tenellusest coté G4G5, ce qui indique qu’il est considéré comme une espèce « fréquente à commune (plus de 100 occurrences), apparemment non en péril, mais à répartition peut-être restreinte ou risquant d’être exposée dans l’avenir à des facteurs jugés menaçants » ou « fréquente à très commune, manifestement non en péril, risquant peu de disparaître dans les conditions actuelles » (NatureServe, 2003).

Outre la Colombie-Britannique, l’Utah est le seul État à surveiller le P. tenellus à titre d’espèce rare et à lui accorder la cote S1, qui indique que l’espèce y est « gravement en péril à cause de certains facteurs qui risquent particulièrement de la faire disparaître) » (S1, critically imperilled, NatureServe 2003). En Arizona, en Californie, en Idaho, au Nevada, en Oregon, en Utah et dans l’État de Washington, l’espèce est cotée SNR (espèce non classée; NatureServe, 2003).

Au Canada, on ne trouve l’espèce qu’en Colombie-Britannique, et on lui a attribué la cote N2. À l’échelle provinciale, le P. tenellusa été coté S2 par le Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique et figure sur la liste rouge du ministère de l’Environnement de cette province, qui recense toutes les espèces jugées disparues, en péril ou menacées en Colombie-Britannique (Douglas et al., 2002). La cote S2, une des plus alarmantes qui puissent être attribuées à une espèce à l’échelle provinciale, indique que l’espèce est « en péril à cause de sa rareté (généralement 6 à 20 occurrences existantes, ou très petit nombre d’individus restants) ou à cause de facteurs qui la rendent susceptible de disparaître ou de s’éteindre complètement » (NatureServe, 2003).

En Colombie-Britannique, trois des sept localités existantes du P. tenellus se trouvent dans des parcs régionaux, provinciaux ou fédéraux. La population située dans un parc provincial (à l’île Galiano) est protégée en vertu de la Provincial Park Act. La population de l’île Saturna se trouve dans la réserve de parc provincial du Canada des Îles-Gulf et est protégée en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Comme le P. tenellus figure sur la liste rouge du ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique, il pourrait également être inscrit sur la liste établie en vertu de la Wildlife Amendment Act (2004) provinciale.

Résumé technique

Plagiobothrys tenellus

Plagiobothryde délicate - Slender Popcornflower
Répartition au Canada : Colombie-Britannique

Données démographiques

Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population) : < 1 an
Pourcentage observé d'une réduction du nombre total d'individus matures au cours des dix dernières années : Inconnu
Pourcentage prévu d'une réduction du nombre total d'individus matures au cours des dix prochaines années : Inconnu
Pourcentage observé d'une réduction du nombre total d'individus matures au cours d'une période de dix ans, couvrant une période antérieure et ultérieure : Inconnu
Est-ce que les causes du déclin sont clairement réversibles?
Est-ce que les causes du déclin sont comprises?
Est-ce que les causes du déclin ont cessé?
Tendance observée du nombre de populations : Inconnue - Des déclins sont survenus dans le passé. La situation des 4 populations visitées récemment est incertaine, car aucun individu n’y était présent
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? Non - Les populations semblent pouvoir subir des fluctuations considérables, mais un réservoir de semences persiste probablement dans le sol
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations? Non

Nombre d’individus matures dans chaque population

Population - Nbre d’individus matures

Information sur la répartition

Estimation de la superficie de la zone d’occurrence (km²) : 300 km²
Données historiques : 370
Tendance observée de la zone d'occurrence - Les pertes récentes sont inconnues, mais 6 populations sont disparues dans le passé, et la situation de 3 ou 4 populations est douteuse.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence? Non
Estimation de la superficie de la zone d’occupation (km²) : km²
7 km² selon une grille à mailles de 1 km; 28 km² selon une grille à mailles de 2 km. La superficie réellement occupée est de 150 à 350 .
Tendance observée dans la zone d'occupation : Inconnue - Tendance récente inconnue; mais déclin dans le passé
Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation? Inconnu - Les fluctuations sont probables, car il s’agit d’une espèce annuelle dont les populations subissent des fluctuations d’effectif.
La zone d’occurrence ou la zone d’occupation sont-elles fortement fragmentées? Inconnu - C’est incertain, car on n’a pas répertorié toutes les superficies d’habitat occupé, ni déterminé la taille que doit avoir une population pour être viable
Nombre d’emplacements actuels : Possiblement, un maximum de 7 emplacements
Tendance du nombre d’emplacements : Inconnue - Des déclins sont survenus dans le passé, mais les déclins récents sont incertains, étant donné les fluctuations de l’effectif des populations
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements? Non
Tendances observées de l’aire de l'habitat : En déclin

Analyse quantitative

Exemple : Pourcentage de probabilité de disparition au cours des 50 prochaines années.

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)

- envahissement par des espèces végétales introduites; destruction de l’habitat; fragmentation de l’habitat

Immigration de source externe

L’espèce existe-t-elle ailleurs (au Canada ou à l’extérieur)? - États-Unis : en sécurité
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Inconnu
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? Possiblement
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? Oui
La possibilité d’une immigration de populations externes existe-t-elle? Non - Les populations les plus proches se trouvent sur les îles San Juan, mais il est improbable qu’une dispersion jusqu’aux sites du Canada se produise.

Statut existant

COSEWIC : Espèce menacée; 2008

Statut et justification de la désignation

Statut : Espèce menacée
Code alphanumérique : B1ab(iii)+2ab(iii); D1
Justification de la désignation : Il s’agit d’une herbe annuelle de pentes herbeuses et de falaises côtières se trouvant dans l’écosystème du chêne de Garry fortement réduit et fragmenté. Près de la moitié des populations connues sont disparues des zones fortement touchées par les plantes exotiques envahissantes dans le sud-est de l’île de Vancouver et des îles Gulf voisines. Il ne reste que sept petites populations. La taille des populations fluctue, probablement selon les précipitations, et plusieurs de ces populations ne comprennent que quelques individus. La taille de la population totale est estimée à moins de 1000 individus. Les plantes envahissantes continuent de dégrader l’habitat de l’espèce dans tous les sites.

Applicabilité des critères

Critère A (Déclin du nombre total d’individus matures) : Sans objet. On ne sait pas si la taille récente des populations témoigne d’un déclin ou de fluctuations.
Critère B (Petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) : Correspond au critère de la catégorie « espèce menacée », B1ab(iii)+2ab(iii). La zone d’occurrence et la zone d’occupation de 7 emplacements se situent bien au-dessous des valeurs limites. La qualité de l’habitat continue de décliner en raison de la présence de plantes exotiques envahissantes.
Critère C (Petite population et déclin du nombre d’individus matures) : Sans objet - On ne sait pas si la taille récente des populations témoigne d’un déclin continu, bien que le total recensé en 2007 corresponde au seuil de la catégorie « en voie de disparition ».
Critère D (Très petite population ou aire de répartition limitée) : Correspond au critère de la catégorie « menacée », D1, avec une population, en 2007, d’un peu moins de 1000 plantes.
Critère E (Analyse quantitative) : Sans objet.

Remerciements et experts contactés

Harvey Janszen et Frank Lomer ont fourni des renseignements sur l’habitat potentiel du Plagiobothrys tenellus qu’ils ont visité en 2003. Harvey Janszen a prêté main-forte pour les travaux de terrain menés à l’île Gulf en 2004. Jenifer Penny et Marta Donovan, du Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique, ont fourni des renseignements tirés de la base de données du Centre de données. Brenda Costanzo, Matt Fairbarns, Ted Lea, Terry McIntosh et Hans Roemer ont formulé des commentaires utiles sur une ébauche du manuscrit.

Experts contactés

Florence Caplow. Janvier 2004. Botaniste, Washington Natural Heritage Program, Department Natural Resources, C.P. 47014, Olympia (Washington) 98504-7014, tél. : 360-902-1793, téléc. : 360-902-1789
Adolf Ceska (Ph.D.). Juin 2004. Botaniste, Ceska Geobotanical, tél. : 250-477-1211
Matt Fairbarns. Juin 2004. Botaniste, Aruncus Consulting, tél. : 250-592-8752
Harvey Janszen (Ph.D.). Janvier 2004. Botaniste, 251 East Point Road, Saturna Island (Colombie-Britannique )  VON 2Y0, Canada, tél. : 250-539-5150
Jenifer Penny. Janvier 2004. Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique, Wildlife Inventory Section, Resources Inventory Branch, Ministry of Environment, Lands and Parks, C.P. 9344, Station Provincial Government, Victoria (Colombie-Britannique)  V8W 9M1, tél. : 250-356-0928, téléc. : 250-387-2733
Hans Roemer (Ph.D.). Juin 2004. Botaniste, Victoria, tél. : 250-479-6470
Nancy Turner (Ph.D.). Janvier 2004. Professeur, School of Environmental Studies, C.P. 1700, University of Victoria, Victoria (Colombie-Britannique), tél. : 250-721-6124, téléc. : 250-721-8985

Sources d’information

Adams, L. Comm. pers. 2003. Correspondance par courriel adressée à S.J. Smith, Chief Administrative Officer, Executive and Trust Area Services, Islands Trust (Colombie-Britannique).

Base de données de l’herbier de l’Université de Washington (en anglais seulement).

Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique. 2003. HERB database, Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique, Ministry of Environment, Victoria (Colombie-Britannique).

Douglas, G.W., D. Meidinger et J.L. Penny. 2002. Rare Native Vascular Plants of British Columbia, deuxième édition, province de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique), 359 p.

Douglas, G.W., D. Meidinger et J. Pojar. 1999a. Illustrated Flora of British Columbia. Volume 3. Dicotyledons (Diapensiaceae through Onagraceae), Ministry of Environment, Lands and Parks de la Colombie-Britannique et Ministry of Forests de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique), 423 p.

Douglas, G.W., D. Meidinger et J. Pojar. 1999b. Illustrated Flora of British Columbia. Volume 4. Dicotyledons (Orobanchaceae through Rubiaceae), Ministry of Environment, Lands and Parks de la Colombie-Britannique, et Ministry of Forests de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique), 427 p.

Douglas, G.W., D. Meidinger et J. Pojar. 2001. Illustrated Flora of British Columbia. Vol. 7. Monocotyledons (Orchidaceae to Zosteraceae), Ministry of Sustainable Resource Development, et Ministry of Forests, Victoria (Colombie-Britannique), 379 p.

Douglas, G.W., G.B. Straley et D. Meidinger. 1998a. Illustrated Flora of British Columbia. Volume 1. Gymnosperms and Dicotyledons. (Aceraceae through Asteraceae), Ministry of Environment, Lands and Parks de la Colombie-Britannique, et Ministry of Forests de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique), 436 p.

Douglas, G.W., G.B. Straley, D. Meidinger et J. Pojar. 1998b. Illustrated Flora of British Columbia. Volume 2. Dicotyledons. (Balsaminaceae through Cuscutaceae), Ministry of Environment, Lands and Parks de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique), 401 p.

Environnement Canada. 2008. Bulletin des tendances et des variations climatiques.

Fish and Wildlife Service des États-Unis. 2003. Recovery plan for the rough popcornflower (Plagiobothrys hirtus), Portland (Oregon), 60 p.

Fairbarns, M. Comm. pers. 2008. Données sur la population fournies à E. Haber, le 10 avril 2008.

Hitchcock, C.L., A. Cronquist, M. Ownbey et J.W. Thompson. 1959. Vascular plants of the Pacific Northwest - Part 4: Ericaceae through Campanulaceae, University of Washington Press, Seattle (Washington), 510 p.

Kartesz, J.T., et C.A. Meacham. 1999. Digital Floristic Synthesis of North America North of Mexico, publié pour le Biota of North America Program of the North Carolina Botanical Garden, par Patricia Ledlie Bookseller, Incorporated, Buckfield (Maine).

Lea, Ted. 2002. Historical Garry Oak Ecosystems of Greater Victoria and Saanich Peninsula, 1:20,000 Map, Terrestrial Information Branch, Ministry of Environment de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique).

Lesica, P., et F.W. Allendorf. 1995. When are peripheral populations valuable for conservation? Conservation Biology 9:753-760.

Mayr, E. 1982. Adaptation and selection, Biologisches Zenralblatt 101:161-174.

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NatureServe Explorer (en anglais seulement). 2003. An online encyclopedia of life [application Web], Version 1.6, Arlington (Virginie), NatureServe.

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Scoggan, H.J. 1979. The flora of Canada. Part 4, National Museum Natural Science Publications in Botany, Numéro 7:1-1626.

Turner, N. Comm. pers. 2004. Correspondance par courriel en janvier 2004, professeur, School of Environmental Studies, C.P. 1700, University of Victoria, Victoria (Colombie-Britannique), tél. : 250-721-6124, téléc. : 250-721-8985

USFWS (U.S. Fish and Wildlife Service). 2003. Recovery plan for the Rough Popcornflower (Plagiobothrys hirtus). Portland, Oregon. 60 pp.

Sommaire biographique des rédacteurs du rapport

George W. Douglas (décédé) détenait une maîtrise en foresterie de l’Université de Washington ainsi qu’un doctorat en botanique de l’Université de l’Alberta, à Edmonton. M. Douglas a étudié les plantes rares pendant plus de 20 ans. Il est auteur principal des titres suivants : Les plantes vasculaires rares du Yukon (1981), The Rare Vascular Plants of British Columbia (1985) et Rare Native Plants of British Columbia (1998, 2002). Il était également directeur principal de la publication Illustrated Flora of British Columbia (de 1998 à 2002). Il a occupé le poste de botaniste de programme au Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique, de 1991 à 2003. Au cours de cette période, M. Douglas a été auteur ou coauteur de 30 rapports de situation du COSEPAC et de trois mises à jour de rapports de situation.

Détentrice d’un baccalauréat en géographie de l’Université de Victoria, Shyanne J. Smith dirige depuis 2001 des projets d’inventaire, de recherche et de cartographie botaniques en Colombie-Britannique. Elle est coauteure du National Recovery Plan for Southern Maidenhair Fern(2004), de quatre rapports de situation du COSEPAC et de trois rapports d’intendance sur des plantes rares.

Collections examinées

Les spécimens déposés à l’herbier du Musée royal de la Colombie-Britannique (Royal British Columbia Museum) (V), à Victoria, de l’Université de Victoria (UVIC) et de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) ont été examinés.

1 La taxinomie et la nomenclature des espèces végétales de ces écosystèmes suivent Douglas et al. (1998a, b; 1999a, b et 2001).

Annexe 1. Sites où le Plagiobothrys tenellus a été recherché en vain en 2004

Sites adéquats où les recherches ont été infructueuses

Mont Nanoose Hill, île de Vancouver
Parc Horth Hill, île de Vancouver
Mont Maple, île de Vancouver

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